BERNARD ALLISON BAND
EN CONCERT LE 14 OCTOBRE 2024 20H30 à L'ECRIN-TALANT
COMPLET
"Qui de mieux qu'un fils, pour rendre hommage à un bluesman de légende qui aura marqué l'histoire de la guitare dans ce registre!"
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Un entretien réalisé par Philippe GRESSIER en Octobre 2024.
Fils de Luther Allison, une des légendes du Chicago Blues, Bernard Allison s’est fait un prénom grâce à sa voix et son jeu de guitare. Aun printemps dernier, il a sorti « Luther’s Blues », un album en hommage à la musique de son père. A l’invitation de Jagoblues, il sera en concert à l’Ecrin le 14 octobre prochain.
Q : Bernard, même si vous avez pour habitude de reprendre quelques-uns de ses titres sur vos albums et lors de vos concerts, « Luther’s Blues » est le premier vrai hommage à la musique de votre père. Pourquoi avoir attendu aussi longtemps après sa disparition (en 1997) ?
R : C’est vrai, des chansons comme « Bad Love » ou « Serious » font toujours partie de mes concerts. Cela fait longtemps que je pense à cet album mais j’attendais le moment idéal : celui-ci est enfin arrivé la tournée anniversaire des 30 ans du label Ruf Records dont mon père a été un des premiers artistes puis un des piliers.
Q : Vous avez appris à jouer de la guitare essentiellement par vous-même puisque votre père était en tournée ou avait déménagé en Europe. Quel rôle a-t-il joué au début de votre carrière ?
R : En fait, il m’a surtout encouragé à persévérer à l’école et à terminer mes études secondaires ! Il ne m’a invité à le rejoindre sur scène qu’une fois mon diplôme en poche.
Q : A quel moment avez-vous su que, comme pour Luther, vous vouliez faire de la musique votre carrière ?
R : Oh, c’est arrivé très tôt ! Dès l’âge de 10 ans, lorsque mon frère a quitté le domicile familial, il m’a laissé sa guitare et j’ai très vite su que ma vie tournerait autour de la guitare et de la musique.
Q : En dehors de votre père, quels autres artistes vous ont influencé et ont contribué à façonner l’artiste que vous êtes ?
R : Johnny Winter et Stevie Ray Vaughan, que j’ai eu la chance de rencontrer en étant jeune, Koko Taylor, dont j’ai été le guitariste du groupe, mais aussi Albert King, George Clinton & Parliament (pour l’influence funk).
Q : Vous avez collaboré, et collaborez toujours, avec de nombreux artistes, qu’est-ce que cela vous apporte, comment cela vous enrichit-il ?
R : En effet, il y a eu l’album Triple Fret (avec Larry McCray, Carl Weathersby and Lucky Peterson), puis la tournée Blues Caravan avec Mike Zito et Vanja Sky et plus récemment des collaborations avec Cedric Burnside et Ally Venable. Pour moi, il est important de montrer que différents styles (Chicago, Texas, Mississippi), différentes cultures (Vanja Sky est croate) et différentes générations (Larry McCray a 64 ans ans Ally Venable tout juste 25) peuvent cohabiter et partager leurs idées.
Q : Quels autres artistes aimez-vous écouter ?
R : J’aime beaucoup Ronnie et Wayne Baker Brooks (fils de Lonnie Brooks, contemporain de Luther Allison et lui-même figure du Chicago Blues), nous avons grandi ensemble, je les considère comme mes petits frères. Un jeune artiste prometteur est Matthew Curry, qui vient de Peoria (dans l’Illinois) tout comme moi. Enfin, Sean « Mack » McDonald est un de mes guitaristes préférés.
Q : Le monde du Blues a récemment perdu Carl Weathersby et John Mayall. Qu’est-ce que ces artistes vous ont apporté ?
R : J’ai eu l’honneur de jouer sur scène et d’enregistrer avec Carl. Lui comme John m’ont inspiré en partageant leur conception de la musique avec moi.
Q : Comme d’autres Bluesmen avant lui (comme Popa Chubby ou Calvin Russell), votre père a été plus rapidement reconnu pour son talent en Europe qu’aux USA. Comment expliquez-vous ce phénomène ?
R : Aux USA, on a tendance à rapidement vous coller une étiquette ou à vous placer dans un registre précis. De ce fait, il est souvent plus difficile d’exprimer librement son talent. Pour moi, en Europe, les gens ont l’esprit plus ouvert, sont plus réceptifs et vous permettent de rester vous-même. Même si je fais généralement la tournée des festivals estivaux aux USA, c’est en Europe que ma carrière à décoller, c’est ici que je passe le plus clair de mon temps, cela fait d’ailleurs 12 ans que j’habite Paris. J’ai beaucoup appris de la culture européenne et c’est à elle que je dois mon succès.
Philippe Gressier©
Son visage est dans les magazines, sa voix est à la radio, son nom sur moultes affiches de concert. Il est le showman qui parcourt inlassablement les routes d’Europe et l’auteur-compositeur visionnaire de l'album « Let It Go » déjà considéré comme un album de premier plan. C’est une éthique de travail qui laisserait la plupart des musiciens à bout de souffle, mais pour cette dynamo créative - qui entre maintenant dans sa cinquième décennie à la tête de son Blues Band - c’est une routine quotidienne. Depuis qu’il a débuté son projet solo en 1990 avec The Next Generation, l’écriture de Bernard a connu une trajectoire ascendante dont « Let It Go » représente un nouveau sommet. Luther serait aujourd’hui aussi fier de son plus jeune fils qu’il l’a été le jour où il l’a surpris en train de jouer « Love Me Mama » note pour note. Bernard a alors 13 ans et son père l’emmène illico au studio d’enregistrement ! Tout s’enchaîne alors très vite, ses premiers pas sur scène lui forgent un nom, ou plutôt un prénom, et il passe directement de la vie de lycéen à celle de musicien professionnel pour Koko Taylor. Le grand bluesman de Chicago Luther Allison vivait selon une philosophie simple qu'il était heureux de partager : « Laisse ton ego, joue la musique, aime le peuple ». Aujourd'hui, ce grand artiste serait sûrement ravi d'entendre 'Songs From The Road' de Bernard Allison, et fier de constater que son fils férocement talentueux a prêté serment à la même mission, celle d'apporter un blues trempé et flamboyant de soul au public qui en a plus que Doté d’un jeu de guitare magique, Bernard Allison peut faire revenir sur scène ceux qui l’inspirent, au premier rang desquels figurent Luther Allison, Stevie Ray Vaughan et Jimi Hendrix… Au gré des titres, sa couleur musicale profondément imprégnée de Chicago blues s’ouvre aux sons Funk, Rock voire Hip-hop. Arrivé à pleine maturité, Bernard équilibre ces rapports en un style si riche et brillant qu’il devient à son tour une grande référence pour nombre de guitaristes.
Bernard Allison (guitare & chant)
George Moye (basse)
Matthew Kimathi (batterie)
Eric Robert Cannavaro (claviers)